Les poèmes de Beckett, Ungaretti et Rilke constituent la première partie d’un cycle pour voix et ensemble instrumental qui m’a été demandé par Contrechamps et le Festival d’Automne à Paris. Il s’agit d’un hommage à la langue française, tous les poèmes étant écrits dans leur version originale en français par des écrivains non français.
Le langage “visible” de ces textes se noue secrètement à un langage-ombre, celui maternel du poète : il serait donc réducteur de parler de traduction, quant à cette démarche oscillante entre le français et une langue autre. Elles sont étroitement liées dans l’imaginaire du poète et se reflètent mutuellement, «le lieu du sens naissant dans l’entre-langue» (Jean-Charles Vegliante).
Situation semblable à celle du compositeur qui met un texte en musique? Attiré par le forces opposées de la musique et de la poésie, il ne peut se limiter à faire passer la parole dans le son. Il doit rassembler l’énergie contradictoire de ces deux domaines qui, chacun se faisant face, réclament leur autonomie.
Stefano Gervasoni, 18.1.1996