Dans cette composition je travaille sur le concept de non-fluidité et de résistance.
Que ce soit le matériau musical structurant, la matière sonore explorée, les gestes instrumentaux adoptés ou les modes de jeux employés, dans cette pièce il y a toujours un élément qui essaye de s’opposer au confort d’une musique coulante et bien dans les doigts des musiciens.
Ostico = ardu, problématique, subtil, laborieux, grave, éprouvant, exigeant.
Il ne s’agit pas de créer des situations à la limite de l’impossibilité (de jeux, ou de discrimination perceptive) mais de monter le niveau d’exigence et d’attention de manière à créer une situation d’écoute générale, de la part du public et aussi bien des interprètes, apte à faire surgir une dimension expressive particulière.
Tout doit être « plaisir de l’effort », en opposition au « plaisir du confort » qui devient, en art, signification neutre, ou stérilisation de l’expression. Mais cet inconfort doit valoir comme une incitation au voyage, même si à un voyage périlleux.
Les doigts des musiciens glissent alors sur des notes sournoises, issues d’une écriture musicale qu’on dirait perfide. Les textures sonores s’étalent de manière inouïe et les oreilles s’aiguisent en les mettant en œuvre et en cherchant le juste équilibre entre elles et en les révélant aux auditeurs. Eux aussi vont être pris dans cet effort collectif qui rend l’expérience de l’écoute fraîche, aventureuse, rêveuse, dense de secrets à découvrir lors des écoutes qui vont suivre et que cette révélation doit toujours relancer.
L’insignifiant devient significatif, et peu à peu important, crucial, indispensable...
Tout ce qui canalise la pensée musicale du compositeur dans sa tentative de la rendre concrète et vibrante agit en tant que filtre modificateur et source de tension signifiante en raison du facteur de résistance voulu et créé par le compositeur lui-même.
S.G. 17.1.17